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Karine Giebel – Les morsures de l’ombre

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On dit souvent qu’il faut voir plutôt le verre à moitié plein qu’à moitié vide. Le bon côté de cette période de confinement est de nous laisser  plein de temps pour nous attaquer à notre PAL qui ne cessait de croître.

Cette fois-ci ce seront Les morsures de l’ombre de Karine Giebel qui passeront entre nos mains. Aviez-vous remarqué que bon nombre de romans de cette auteure comportent le mot « ombre » dans leur titre. Rien que sur ce blog vous avez eu la critique de Juste une ombre et D’ombre et de silence qui avaient été tous deux de bons crus.

Alors est-ce que le côté sombre est gage de qualité chez Karine Giebel ?

Résumé du livre

Une femme rousse, plutôt charmante. Oui, il se souvient. Un peu…
Il l’a suivie chez elle… Ils ont partagé un verre, il l’a prise dans ses bras… Ensuite, c’est le trou noir.

Quand il se réveille dans cette cave, derrière ces barreaux, il comprend que sa vie vient de basculer dans l’horreur. Une femme le retient prisonnier. L’observe, le provoque, lui fait mal.
Rituel barbare, vengeance, dessein meurtrier, pure folie?
Une seule certitude: un compte à rebours terrifiant s’est déclenché.
Combien de temps résistera-t-il aux morsures de l’ombre?

Ça ressemble a un jeu.
Le premier qui bouge a perdu.

Dans ce roman noir magistral et tendu à l’extrême, Karine Giébel nous entraîne dans un huis clos glaçant au coeur de la folie.
Un livre dont on ne ressort pas indemne.

Extrait

Impression étrange.
Comme une gueule de bois, un lendemain de cuite. Sauf qu’il peine à se souvenir de la veille… Neurones en vrac.
Enfin, ses yeux s’ouvrent complètement. Il réalise qu’il gît par terre, à même un béton sale. Un mélange d’effluves importune ses poumons; peinture, détergent, grésil, essence ? Désagréable, surtout de bon matin ! Mais est-ce seulement le matin ?
Ça sent pas comme ça chez moi, d’habitude…
Première certitude : je ne suis pas dans ma piaule.
Mais où, alors ?
Ses paupières aspirent à se refermer. Il lutte, de toutes ses forces.
Au plafond, une peinture blanche qui s’effrite.
À gauche, un mur en béton brut lui aussi; avec un renfoncement assez obscur au beau milieu où il croit distinguer une vasque en porcelaine blanche…
En face, un soupirail paré d’un quadrillage en fer rouillé; juste derrière, une impression de soleil timide. La seule et unique lumière vient de là.
Il tourne la tête sur la droite, déclenchant une douleur assassine dans ses cervicales. Et là, il aperçoit…
Les barreaux.
Il tente de se lever. Ça tangue, ça chavire. À quatre pattes d’abord, puis à genoux; et enfin, debout. Tour d’horizon rapide : il ne reconnaît rien.
Il s’essaie à quelques pas, se heurte aux tiges métalliques qui le cernent, essaie d’ouvrir la grille. Il s’acharne sur la poignée de la porte avec une énergie d’avorton et des gestes d’ivrogne. Peine perdue. Enfermé.
Son cœur s’extirpe lentement de la léthargie. Commence à battre fort. Très fort.
Dans un réflexe stupide, il cherche son arme. Pour se réconforter. Sauf que son holster est vide. Un vide effrayant. Deuxième certitude : je suis dans la merde… Au-delà de la cage qui le retient prisonnier, une inquiétante pénombre lui fait face. Il discerne malgré tout des étagères crasseuses, pleines de cartons, de bouteilles vides et de bocaux. Des outils entreposés contre les murs; encore des cartons, à même le sol; un escalier. C’est tout ce qu’il peut voir de là où il se trouve.
Un garage ou une cave. Un gourbi. Un trou à rats, de toute façon. Mais qu’est-ce que je fous là, putain ? Dans le renfoncement, une parodie de salle de bains; un lavabo, un bac à douche, des chiottes alignés.
Il préfère se rasseoir, équilibre encore précaire. Il y a une couverture jetée par terre, il se laisse tomber dessus, s’adosse au mur, en face de la grille qui continue en angle droit sur sa droite.
Il accomplit un effort énergique pour secouer ses méninges. Essaie de se souvenir comment il a atterri là. Mais n’y arrive pas.

Avis

Si Karine Giebel a reçu de nombreux prix pour ce roman, c’est amplement justifié. Ce roman est un thriller exemplaire en noirceur, suspense et manipulation du lecteur.

Bien que ce roman soit avant tout un thriller psychologique, c’est avant tout une lutte entre le kidnappé et son tortionnaire où le gagnant sortira vivant. Physiquement vivant, du moins l’espère le kidnappé, et une renaissance psychologique pour le tortionnaire. Cette lutte est longue, puissante, violente, mais terriblement prenante pour le lecteur qui se projetant dans le kidnappé verra son pouls faire des hauts et des bas. Loin des thrillers psychologiques lents comme ceux de Mary Higgins Clarck ou Lars Kepler, Karine Giebel nous amène dans un thriller psychologique haletant.

En plus de construire son roman sous format d’un page-turner efficace, l’auteure se joue de son lecteur en ne lui donnant guère d’indices à se mettre sous la dent pour deviner la clé de cette intrigue. Elle dispose plusieurs solutions possibles, laisse son lecteur envisager toutes les combinaisons possibles; en les mettant sur des faux-pistes avec des formulations ambivalentes. Mais elle ne dévoilera l’imbrication de toutes ses affaires qu’en fin de roman. Karine Giebel se révèle machiavélique tant avec ses personnages qu’avec ses lecteurs.

En résumé un très grand thriller qui ravira les amateurs en quête de sensations.

Notation

Histoire
Ecriture
Durée de lecture
Prix

Caractéristiques :

  • Broché
    • Broché : 294 pages
    • Editeur : Fleuve éditions (8 novembre 2007)
    • Collection : Hors collection
    • Langue : Français
    • ISBN-10 : 2265085847
    • ISBN-13 : 978-2265085848
    • Prix : 14,90€
  • Livre de poche
    • Poche : 320 pages
    • Editeur : Pocket (10 septembre 2009)
    • Collection : Policier / thriller
    • Langue : Français
    • ISBN-10 : 2298015325
    • ISBN-13 : 978-2266181365
    • Prix : 6,95€
  • Livre numérique
    • Taille : 1149 ko
    • Editeur : 12-21 (15 mars 2012)
    • Langue : Français
    • EAN : 978-2714478474
    • Prix : 9,99€
    • Livre audio
    • Durée : 7h12
  • Editeur : Audible Studios (22 juin 2016)
    • Lecteurs : Stéphane Ronchewski
    • ASIN : B01HEM3XIC
    • Prix : 12,95€

Site Internet de l’auteur

http://www.karinegiebel.fr

Récompenses

Prix Intramuros, Festival Polar&Co de Cognac 2008 pour Les Morsures de l’ombre

Prix Derrière les murs, Festival International du Roman Noir de Frontignan 2009

Prix SNCF du polar français 2009


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